La CFO de l’année: Kelly Steckelberg, de Zoom

Elue CFO de l’année par le magazine CFO Dive, Kelly Steckelberg, de Zoom, a dû faire face à la croissance fulgurante de l’entreprise, sur fond de pandémie. Une situation enviable pour certains, mais qui aurait pu être explosive sans l’apport stratégique du CFO et son expérience opérationnelle.

Engagée par le CEO de Zoom, Eric Yuan, en 2017, Kelly Steckelberg a créé le rôle de CFO dans l’entreprise. Son rôle était alors d’aider l’entreprise à grandir, en s’appuyant sur sa double expérience de directrice financière et CEO de l’application de dating Zoosk. C’était également une ancienne collègue de Yuan au sein de la plateforme de vidéoconférence WebEx, ensuite rachetée par Cisco.

Avec la pandémie de Covid-19, Zoom a réalisé au second trimestre 2020 une croissance de 355% de son chiffre d’affaires, par rapport à 2019, et une croissance de 458% en nombre de clients. En deux trimestres, l’entreprise a en fait réalisé la croissance qu’elle prévoyait sur 4 ans.

Sans une solide organisation et culture d’entreprise, cette croissance aurait pu ne pas être maîtrisée. Depuis son arrivée chez Zoom, Kelly Steckelberg s’est justement efforcée de structurer la fonction finance et de préparer l’entreprise à la croissance. Pour elle, les employés doivent penser aux finances de l’entreprise comme s’il s’agissait des leurs, et pouvoir comprendre comment leur rôle contribue au succès de l’entreprise.

Lorsqu’elle était CFO de Zoosk, Kelly Steckelberg a aussi pu vivre une croissance moins bien maîtrisée. En 2014, l’entreprise comptait 27 millions d’utilisateurs et 200 millions de dollars de revenus. Face aux critiques du marché sur le fait que l’entreprise privilégiait plus sa croissance que sa rentabilité, Zoosk avait du annuler son IPO. Elle avait alors été promue CEO de l’entreprise et avait dû licencier 15% des effectifs et réduire les dépenses marketing.

Autre décision difficile : changer la direction des développements de l’entreprise et supprimer certaines fonctionnalités. Une décision qui à court terme allait réduire les revenus de l’entreprise mais s’avérer profitable deux ans plus tard.

Au cours des trois dernières années, Zoom est passé de 700 à 4000 employés. La pandémie a depuis ralenti ce rythme, même si l’entreprise a encore besoin de plus de personnel. Zoom a également ouvert deux nouveaux centre de R&D, en Arizona et Pennsylvanie, plutôt que dans la Silicon Valley.

Et plutôt que d’agrandir son datacenter maison, Zoom a noué un partenariat avec Oracle pour disposer de plus de puissance serveur. En s’appuyant sur un mix de cloud public et de ressources internes, Zoom peut absorber les pics de charge avec beaucoup de flexibilité. En contrepartie, ces frais additionnels ont été réduits au cours de l’été, quand les élèves se sont moins connectés par Zoom pour cause de vacances.

Pour prendre en compte l’impact de cette structure de coût « hybride », la CFO a adopté une nouvelle métrique de suivi de performance de l’entreprise. Zoom se focalisait précédemment sur le nombre quotidien de participants à des réunions. Désormais c’est le nombre de participants en simultané qui est tracké, car il impacte le coût du service.

Sans des décisions stratégiques fortes, la croissance de Zoom pourrait baisser. L’arrivée de vaccins contre la Covid a ainsi fait baisser son cours de bourse. Mais Zoom prépare l’avenir avec notamment Zoom Phone, un système de téléphonie et vidéoconférence unifié. L’entreprise cherche aussi à montrer que les réunions virtuelles sont un choix rentable pour les entreprises sur le long terme. Zoom propose aussi de nouveaux services, comme pouvoir signer un contrat pendant une réunion, via un partenariat avec DocuSign.